22 octobre 2016

Freaky people



FREAKY PEOPLE SARABAND

("All the freaky people make the beauty of the world" Michael Franti)


"Freaky people saraband" est une série réalisée et installée en Avril/Mai 2016.
Vingt-deux photocopies A3 de silhouettes - obtenues par découpage de métal de canettes
de boisson à l'acide ou au ciseaux - ont ainsi été collées clandestinement
en divers endroits sur les murs de Cayenne.

Les photocopies sont accompagnées d'un texte (voir plus loin ci dessous).

Cette action se veut un hommage au travail social de Michael Franti,
musicien américain émérite et militant.

Elle est également la suite naturelle d'idées conçues lors de l'élaboration de l'installation
sonore "IN GIRUM IMUS NOCTE", laquelle fut réalisée en collaboration
avec Nicolas Franek (artiste sonore) et montrée en Février dernier à Macouria.

© M.A.J 2016

Croquis préparatoire d'un des 22 personnages. Technique mixte sur page de carnet.

Installation des 22 photocopies A3 accompagnées de la première version du texte. Murs de l'ancienne Maison d'arrêt de Cayenne.

Installation des 22 photocopies A3. Détail,

Personnage de la série. Métal de canette de boisson découpé à l'acide chlorhydrique, bitume de Judée.

Installation des 22 photocopies A3 accompagnées de la première version du texte. Murs de l'ancienne poste centrale de Cayenne.

Installation des 22 photocopies A3. Détail,

Croquis préparatoire d'un des 22 personnages. Technique mixte sur page de carnet.

Installation des 22 photocopies A3 accompagnées de la première version du texte. Murs du marché couvert extérieur de Cayenne.

Installation des 22 photocopies A3. Détail,

Détail des 22 photocopies.

Détail des 22 photocopies.

Détail des 22 photocopies.

Freaky people saraband?
(Seconde version du texte de l'installation in situ)



Sarabande : (n. m.) Danse populaire apparue en Espagne à la fin du XVIème siècle.
Freak : (n. anglais) Personne anormale, monstre.
Freaky : (adj. anglais) Bizarre, dérangeant.
Gentrification : (n. anglais) : Reflux de la pauvreté à la périphérie des villes, induit par une spéculation immobilière entraînant des loyers prohibitifs.


Qui sont les « freaky people »?

Ils sont ceux qui hantent nos villes à Cayenne ou ailleurs.
Ils sont la nuit en plein jour, la multitude des exceptions qui confirment nos règles : les parias, les
déclassés, les non-rentables, les inavouables ...
Laissés pour morts économiques, on supporte leur proximité diurne faute de pouvoir les éviter.
Ils sont pourtant l'étalon de notre confort, tant l'argent - valeur d'échange qui nous sépare - est avant
tout l'unité de mesure de l'inégalité sociale.

Ainsi la fonction du pauvre, du moins lorsqu'il reste sagement à sa place sans chercher à mordre,
est-elle de conforter le riche dans son sentiment d'altérité, de puissance et de domination.
Ainsi, le freaky people croisé au coin de la rue est-il un inavouable double, une ombre, un fairevaloir-
repoussoir, un figurant, le sous-citoyen refoulé dans les limbes d'un petit corps social de plus
en plus étriqué...

Il est la silhouette que l'on aperçoit encore vaguement au travers de l'opacité progressive des
clivages sociaux. Il sera bientôt gentrifié, centrifugé aux marges d'une société tournant de plus en
plus vite.
Il est la partie de l'humanité qu'il convient de cacher pour pouvoir continuer à tenir son rang.
Il est celui ou celle à qui on achète en coulisse d'inavouables plaisirs, mais avec qui on ne peut se
compromettre si l'on tient au rôle social pour lequel on est gratifié.

Pour combien de temps encore?
Si un jour l'engeance freaky devenait majoritaire au bénéfice de son lent et continu accroissement au
sein des masses, qu'adviendrait-il de l'ordre social?

© M.A.J. 2016, pour Freaky People United